Un arménien. Un Turc. En Belgique. Ils se rencontrent par hasard dans un train. D’ailleurs, ils vont au même endroit : ils vont passer une audition dans un théâtre. Mais Levent, le Turc, a oublié tous ses papiers. Face au contrôleur, qui a la rigidité d'un règlement, la main de l’Autre se tend. Une aide, un soutien inattendu. Et voilà deux identités échangées. Peu importe, si tous les deux sont nés ailleurs : entre un Turc et un Arménien, il y a un génocide à porter, de génération en génération, que certains nient, là où d'autres sont meurtris. Comment porter un deuil impossible à faire, puisque dénié ? Comment fait la société pour résoudre cette douloureuse question de l’inhumanité ? Nous avons tous besoin de mémoire pour nous situer, et plus encore besoin de reconnaissance. Il nous faut remonter le fil de cette souffrance arménienne pour la comprendre, en trouver le fondement. Et la transmettre, en témoigner. Pour réfléchir ensemble.
Loin d’un discours de propagande, loin de toute provocation, Caroline Safarian nous offre une écriture sensible et poétique ne laissant pas place à la rancune mais à l’espoir, au rêve de rapprochement. Elle mêle avec une extrême habileté réalité historique et histoire intime, celle qui nous permet d’exister en tant qu’être humain. Sans « bonne conscience ». Le langage théâtral au service de l’Histoire.
Mise en scène :Juliette Delfau
Avec Nicole Ciappara, Pascal Guerin, Annie Perrier, Regis Ranc, Edouard Tchokaklian