Novembre 1669. Salon de Mme de La Sablière.
On assiste à une représentation des Précieuses Ridicules de Molière...
Toute la Cour ou presque s’y presse: c’est qu’on est affamé de bons mots, de belles tournures et de portraits truculents. Molière est en pleine gloire, cette comédie ne peut être que piquante. On
avait tant ri au Dépit amoureux.
Mais au fil des scènes où on assiste à la mise en lumière des codes des salons littéraires, on sent d’abord une certaine gêne. De qui parle-t-on vraiment? Et puis les rires, tout le monde
s’observe.
Est-ce de moi qu’on rit? J’ai cru reconnaitre…Mais, non, il n’oserait quand même pas...
Molière dépasse les bornes. La cour ne pourra tolérer cette insulte qui lui est directement adressée, ce crime de lèse-majesté.
Le scandale éclate, certains se lèvent, Mme de L. jette sa chaise, le Marquis de B. est rouge de confusion, ou peut-être de colère. Les comédiens restent interdits et Molière n’a pas d’autre
solution que d’interrompre la représentation.
C’est qu’on ne se moque pas impunément de la Cour…Une cour ivre de ce Grand Siècle, rempli de bals, de plaisirs en tout genre, de luxure…Une cour sensuelle jusqu’à la débauche, assoiffée de sang
et de pouvoir, voluptueuse jusque dans le meurtre. Une cour qui élève l’empoisonnement en un art de gouvernement.
Car depuis quelques temps déjà, les morts suspectes se multiplient, des poudres aux vertus douteuses circulent sous le manteau des courtisans. L’enquête est lancée, le Limier, lieutenant de
police de Paris, est chargé d’élucider ce mystère.
Cela commence par l’arrestation de quelques diseuses de bonne aventure, des rumeurs de magie blanche ou noire, de sortilèges, mais rapidement l’affaire s’étend aux plus hautes sphères,
éclaboussant jusqu’au roi, ou du moins…jusque dans son lit.
C’est toute une société qui s’adonne à la magie, toute une société qui se vautre dans les rites païens, tandis que Louis XIV érige un Versailles supposé ultime bastion de civilisation et de
culture.
C’est le chaos et l’ordre qui s’opposent, au travers de cette affaire de poisons et offrent un paysage à la fois grandiose, ridicule et métaphysique.
C’est là que s’engage, avec beaucoup d’humour, une course contre la montre dans une enquête sans précédent: il faut à tout prix briser cette frénésie empoisonneuse qui s’est emparée de la Cour,
et remettre de l’ordre dans le chaos qui ébranle tout le système monarchique.
Qui est responsable ? Qui est coupable ? Qui doit-on éliminer ?
Et surtout...comment va t-on bien pouvoir s’en sortir?
Un thriller pas tout à fait historique, et des Précieuses pas tout à fait ridicules.
Conception, mise en scène: Juliette Delfau
Avec Jérémie Chaplain, Juliette Delfau ou Mahaut D’arthuys, Ingrid Lebrasseur, Luc Chareyron ou Fabrice Lebert (en cours)
Lumières et mapping vidéo: Laurent Deconte
Création son: Ingrid Lebrasseur
Scénographie: en cours
Costumes: Dominique Fournier